bayrol jimenez

Born in Oaxaca, México, 1984.

ABOUT

Writing and deciphering (or writing and legibility?) 

Surveying the pictorial and graphic work of Bayrol Jiménez is like plunging into the unknown: a semantic as well as visual and linguistic unknown. His paintings, comprised of psychedelic and hallucinatory visions, can provoke a visual whirlwind-hypnotic compositions lead into meandering forms, themselves reflections of referential and cultural meanderings in which one can quickly get lost. 

Although his works are complex, saturated with superimpositions and collisions of motifs, they are based on an underlying grid that frames the whole and contributes to its structure. However the drawing itself remains free, and is prone to drift towards a form of assertive spontaneity, incorporating networks of lines that flirt with automatism or strokes from the unconscious. A dynamic, autonomous, and stylized writing often emerges within the frame, reflecting the artist’s interest in calligraphy-a long-standing preoccupation revitalized after a stay in South Korea, which allowed him to deepen his knowledge of Asian in-scriptions. Indeed, it is the line that serves as the matrix for Bayrol Jiménez, with color added to the canvas or paper only at a later stage, as though it were a question of giving the composition another level of reading and understanding, or even an additional element of abstraction. 

The combination of the whole invites us into an ample, generous, maze-like experience of seeing, but one which nevertheless resists tipping into chaos. Bayrol Jiménez’ work is not strictly speaking abstract-signs, symbols, objects, or fragments of bodies are clearly discernible. References appear here and there. The titles are willingly evocative. The ambiguous status of the works appears to pertain to an in-between, as though the artist wanted to abstract reality only partially, which amounts to letting what we would call «semi-figuration» flourish. 

This uncertain status is far from neutral, and provokes a double form of visual attraction: familiar signs or motifs invite us to penetrate the canvas or the sheet, while the complexity of its composition and the abundance of its surface can leave us on the threshold of multiple questions as to the very nature of what is being shown.

The artist is unparalleled in his ability to create compositions with esoteric content, using symbols and metaphors. Many of the subjects deal with elements or episodes relating to pre-Hispanic cultures, or the way in which the contemporary eye perceives stories, legends, and beliefs. It is as though a leap towards a form of the unconscious were necessary in order to materialize magical aspects of banal-ity, to evoke an alliance of naturalism and the fantastic. It is here that form serves content, when the unbridled generosity of the composition makes it possible to weave links between mythologies and contemporary political and social problems, between nature (humans, fauna, flora), and unreal beings or phantasmagorical animals. In this sense these works provide us with a glimpse of the contributions of ancient cultures lost in the present day, while also reflecting on the political implications of an imposed reali-ty—a form of reflection explored through a communal, responsive form questioning, rather than through declarative commentary.

It is almost an investigation of the abyss to which Bayrol Jiménez’ art invites us: an investigation of visual, psychic, political, personal, and collective abysses. The public domain is on a par with the intimate, «big» history and the «small» story are always side by side, the social field meets the human soul. The driving principle is always to resist revealing everything about the subject, to resist revealing every underlying element-to maintain a tension between revelation and obscurity that runs across the surface of each work. More than simply inviting the viewer to visit the apparent chaos resulting from the saturation of a visual field made up of accumulations and interweaving of lines and layers, the artist encourages us to explore a subtle balance between order and apparent nonsense, between the clearly comprehensible and the visions of the mind. In doing so the paintings and drawings, with their split compositions and epic moods, raise an essential question: that of their legibility. And yet they do so without providing any single or definitive key to their reading, leaving each viewer to work out their own way of deciphering them.

Text by Frédéric Bonnet

BIO

He studied at the Escuela Nacional de Pintura, Escultura y Grabado, La Esmeralda and at The National School of Art Villa Arson in Nice, France.  

His graphic and pictorial work overflows compositions between mythology and contemporary political social subjects such as the relationships between animals, plants, humans and their cultural background.

His work has been presented in solo shows in Mexico, Germany, France, United Kingdom, Holland, Spain, United States, as well as collectively at the Havana Biennial, Cuba, 2015, at the Trienal de Artes de Sorocaba, São Paolo, Brazil, in 2014, Sakahan, National Gallery of Canada 2013, Resisting the Present, Musée d’Art Moderne de Paris, 2012 , was also part of the residencies Foundry Darling, Montreal, Canada 2019, SeMA Nanji, Seoul Museum, South Korea, 2017, La Cite des Arts, Paris, France 2012.  Grantee of the Bancomer-Museo de Arte Carrillo Gil Program, 2017 and SNCA, Mexico, in the specialty of painting 2021.

original version in french

Bayrol Jiménez. Écriture et déchiffrement (ou Écriture et lisibilité ?)

Arpenter l’œuvre pictural et graphique de Bayrol Jimenez revient à plonger dans l’inconnu : un inconnu sémantique autant que visuel et langagier. 

Sa peinture, faite de visions psychédéliques et hallucinées, parfois provoque un tourbillon visuel tant elle se montre hypnotique et entraine dans des méandres de formes, eux-mêmes reflets de méandres référentiels et culturels dans lesquels l’on a vite fait de se perdre. 

Complexes car saturées de superpositions et d’entrechoquements de motifs, ses œuvres prennent pourtant appui sur une grille sous-jacente qui encadre l’ensemble et contribue à le structurer. Le dessin n’en est pour autant pas moins libre et aime à dériver vers une forme de spontanéité affirmée, incorporant des réseaux de lignes qui goutent à se frotter à l’automatisme ou des traits venus de l’inconscient. En découle une écriture dynamique, autonome et stylisée à la fois, dont l’intérêt pour la calligraphie a été revivifié après un séjour de l’artiste en Corée du Sud lui ayant permis d’approfondir sa connaissance des écritures asiatiques. 

Car c’est bien chez lui le trait qui fait office de matrice, la couleur n’étant insérée sur la toile ou la feuille que dans un second temps, comme s’il s’agissait d’insuffler à la composition un autre niveau de lecture et de compréhension, voire une part d’abstraction supplémentaire. 

La combinaison du tout convie à une expérience labyrinthique du regard, qui pourtant jamais ne vire au chaos, dans la mesure ou si la formulation reste ample et généreuse, le travail de Bayrol Jiménez, pourtant, n’est pas à proprement parler abstrait. 

Signes, symboles, objets ou fragments de corps s’en détachent. Des références ci et là apparaissent. Les titres se montrent volontiers évocateurs. 

Le statut des œuvres semble alors tenir son ambiguïté d’un entre-deux, comme si l’artiste souhaitait seulement partiellement abstraire la réalité, ce qui revient à laisser prospérer ce que l’on qualifierait volontiers de semi-figuration. 

Ce statut incertain est loin d’être neutre car il provoque pour le regard un double phénomène d’attraction : des signes ou motifs familiers invitent à pénétrer la toile ou la feuille en même temps que la complexité de sa composition et le foisonnement de sa surface peuvent laisser au seuil d’interrogations multiples quant à la nature même de ce qui est donné à voir. 

L’artiste il est vrai n’a pas son pareil pour élaborer des compositions aux contenus ésotériques, avec force recours aux symboles et à la métaphore. 

Beaucoup des sujets traités abordent des éléments ou des épisodes relatifs aux cultures préhispaniques et à la manière, pour l’œil contemporain, de percevoir histoires, légendes et croyances ; comme si un saut vers une forme d’inconscient était nécessaire pour ce faire, comme s’il était devenu essentiel de conférer une matérialisation à des aspects magiques de la banalité, dans une alliance du naturalisme et du fantastique. 

C’est là que la forme sert le fond, lorsque la générosité débridée de la composition permet de tisser des liens entre mythologies et problématiques politiques et sociales contemporaines, entre la nature – humains, faune, flore… – et des êtres irréels ou des animaux fantasmagoriques, et de redonner à voir des apports des cultures anciennes perdus dans l’aujourd’hui tout en réfléchissant aux implications politiques de la réalité sans pour autant discourir, en se positionnant dans l’interrogation mais nullement dans le commentaire. 

C’est presque à une investigation des abysses que convie l’art de Bayrol Jiménez : des abysses visuelles, psychiques, politiques, personnelles et collectives… Le domaine public y tutoie l’intime, la « grande » histoire y côtoie le « petit » récit, le champ social y rencontre l’âme humaine. Avec comme principe constitutif, toujours, de ne pas tout révéler du sujet, de ne pas complètement éventer les éléments sous-jacents ; manière de maintenir active la tension qui parcours la surface de l’œuvre et de laisser le regardeur sur ses gardes. 

Car plus qu’à la visite d’un apparent chaos issu de la saturation d’un champ visuel fait d’accumulations et d’entrelacements de lignes et de couches, ce à quoi convie l’artiste c’est à explorer un subtil équilibre entre l’ordre et le non-sens apparent, entre le compréhensible et la vue de l’esprit. 

Ce faisant, peintures et dessins aux compositions écartelées et soulevées par un souffle épique portent en eux-mêmes une question essentielle : celle de leur lisibilité… sans pour autant que n’ait été délivrée de clef de lecture, laissant à chacun le soin d’élaborer son propre mode de déchiffrement. 

Frédéric Bonnet